À deux, c'est plus facile !

Comme tous les jours, Pablo se rend à l’école Henri Pierre. Sur le chemin, il pense à son match de football de la veille lorsqu’il a effectué une passe décisive à Maxence.

Devant le portail de l’école, il tape la main de Maxence. Il y a là une fille avec une grosse doudoune orange, accompagnée de ses deux parents.

Quelques minutes plus tard, pendant le rituel des CM1, la directrice interrompt la classe, accompagnée de la fille à la doudoune orange. Pablo comprend alors que cette nouvelle élève sera désormais dans sa classe.

-Je vous présente Astrid, votre nouvelle camarade, dit la directrice.

-Bonjour Astrid et bienvenue, dit la maîtresse.

-« Bonchour », murmure la nouvelle avec un drôle d’accent.

Des éclats de rires se propagent de part et d’autre de la classe. Astrid, surprise, ne comprend pas. Elle est déçue par cet accueil.

Pendant la séance de mathématiques, la maitresse lui propose de lire l’énoncé, deux nombres sont écrits en chiffres : 90 et 8.

-Emma a « nonante » stylos, lit Astrid. Elle veut les ranger par boîte de «wuit». Combien de boîtes utilisera-t-elle et combien de stylos lui restera-t-il ?

Maxence, avec un rire moqueur, répète derrière elle, « nonante »., « wuit ».

Valentine, sous le charme de Maxence, ricane bêtement.

A la sortie de l’école, Maxence fait un croche-pied à Astrid, elle manque de tomber mais se rattrape.

-Arrête, « lot me gerust », laisse-moi tranquille un peu !

- C’est quoi ton charabia ?

- Viens à Bruxelles et tu comprendras !

Maxence découvre qu’elle a du caractère, mais cela ne l’arrête pas. Il lui lance :

-Ahahahah, je fais ce que je veux, je suis plus « axurit » que toi. Tu sais ce que ça veut dire « Axurit ? »

Elle hausse les épaules. Il lance avant de lui tourner le dos :

- A demain la belge qui ne sait pas tenir debout.

Astrid rentre chez elle en retenant ses larmes. D’un geste brusque, elle essuie ses yeux devant la porte. Elle traverse le hall et prend l’escalier pour monter dans sa chambre. Sa mère l’arrête en la retenant par le bras :

- Depuis quand on ne fait pas de bisous à ses parents en rentrant ? Tu as les yeux tout rouges, que se passe-t-il ?

Astrid n’a pas le temps de répondre que son père arrive et dit :

- C’est sûrement son allergie qui lui joue encore des tours. Il faudra retourner chez le docteur.

Astrid leur échappe et monte dans sa chambre. Elle s’empresse d’enlacer son chat, Cookie, qui commence à ronronner.

-Tu ne t’imagines pas mon Cookie, comment je suis triste et en colère en même temps ! Oh ! ce Maxence, je le déteste, ce catalan, il n’arrête pas de m’embêter, il se moque de moi mais lui est-ce qu’il s’entend avec ses mots ridicules ? Et dire qu’il réussit à avoir des amis et une amoureuse, Valentine cette bécasse.

Le lendemain, en cours de géométrie, Maxence et les moqueurs recommencent à ricaner lorsqu’Astrid demande à Pablo de lui prêter « une latte ». Pablo soupire. Il aime bien son copain, mais il le trouve parfois lourd.

Pendant la récréation, Maxence s’approche d’Astrid et lui dit:

-Donne-moi tes bunyettes ou tu risques d’avoir de gros problèmes.

À la vitesse de l’éclair, Maxence lui prend son goûter : une spécialité catalane qu’elle se préparait à déguster. Pablo en est agacé. Il tourne le dos à Maxence et s’en va.

Le mercredi, à la piscine, alors qu’Astrid nage paisiblement et aisément avec des mouvements radieux, harmonieux et synchronisés dans sa ligne d’eau, Maxence, lui, agite ses mains comme un petit chien qui se noie. Tout à coup, il télescope Astrid. Le maître-nageur lui demande de changer de ligne d’eau, de nager du côté des débutants. Humilié et vexé, Maxence préfère sortir de l’eau et partir.

Le lendemain, à la cantine, Maxence renverse son verre d’eau. Sans réfléchir Astrid le taquine en riant :

-Tu devrais vite essuyer avant de te noyer, j’ai cru comprendre que la nage n’est pas ton point fort !!!

- OUH    Casséééééé !!!! rigole Pablo.

Il rit de bon coeur lui aussi. La nouvelle école n’est pas toujours agréable pour Astrid, mais il y a de bons moments. La fin de semaine arrive, elle se réjouit de la passer en famille.

Comme tous les dimanches matins, les parents d’Astrid font le ménage, les fenêtres ouvertes pour aérer, la musique en fond, les rideaux volent sous la tramontane.

Toute heureuse de profiter de ces bons moments avec sa famille, quand elle monte dans sa chambre, malheureusement Cookie n’est plus là.

La fenêtre est restée ouverte.

Toute la famille se met alors à la recherche du chaton, dans la maison, puis dans le quartier. Ensuite, la maman d’Astrid décide d’alerter les voisins et les pompiers.

Pendant toute la soirée, ils cherchent mais en vain.

Astrid est triste et a peur qu’il arrive quelque chose de grave à Cookie.

En un instant, tout a chaviré, sa joie de vivre s’est transformée en cauchemar, elle s’inquiète, se met à pleurer.

Durant la nuit, des pensées sombres et des idées noires l’envahissent.

Le lendemain, toujours rien et c’est lundi : sans Cookie, seule face à elle-même, seule face à Maxence. Elle arrive à l’école, les yeux rouges, sans aucune motivation.

- Pourquoi pleurniches ? lui jette Maxence.

Pablo arrive à cet instant, Maxence continue :

-Regardez-la, on dirait une fontaine, tu vas faire un lac avec tes larmes !

Pablo intervient et lui demande d’arrêter. Il explique qu’elle a perdu son chat, Cookie. Mais Maxence continue :

-Ah mais elle a dû le manger !!!!! Ahahahah

Pablo stoppe une nouvelle fois Maxence et d’un ton ferme :

-Rappelle-toi comment tu étais quand tu as perdu ton chien, l’an dernier…

Un silence envahit le groupe.

Pablo fait un petit clin d’œil à Astrid. Et c'est peut-être le début d'une belle amitié.