Des nouvelles de Michèle Bayar, autrice jeunesse, humeur, ouvrages, articles, rencontres : en 2024 masterclass "Écrire à voix haute"
Ce matin, j’ai la boule au ventre. J’entre en 6ème.
J’attends le bus scolaire. Tout ça, c’est nouveau pour moi…
Je quitte mon village et son école. Direction : mon nouveau collège à trente-cinq kilomètres de chez moi, dans la plus grande ville des Pyrénées Orientales.
À l’entrée de la ville, le bus perd dix minutes dans les embouteillages.
J’arrive enfin à destination. Je lis, écrit sur un grand bâtiment : « Collège Pierre Painlevé ».
Je passe la grille. Personne dans la cour ! Je suis en retard.
Une femme vient à ma rencontre. C’est la CPE.
Elle m’accompagne dans ma classe, la 6ème2.
Le cours de SVT a commencé.
- « Je vous présente Thomas, votre nouveau camarade. Je compte sur vous pour l’accueillir chaleureusement. »
Je m’assois à la seule place proche du tableau, à côté d’une fille.
Avec mes lunettes et ma myopie, je n’ai pas trop le choix !
Elle a l’air sympa.
Je lui dis bonjour et elle m’informe qu’elle s’appelle Léa.
Quand la sonnerie retentit, je sors, tranquille, mais un garçon me pousse et tout le monde rigole.
C’est Gabin, le garçon le plus moqueur de la classe.
Dans la cour, il me dit :
- « Hé toi, le nouveau, tu viens d’où ?
Tu t’es vu avec ta chemise à carreaux et tes chaussures de rando !
T’es un villageois de Minecraft ou quoi ? »
Je regarde les autres garçons autour de moi, les prenant à témoin et je lui réponds :
- « Moi ? Je ne joue pas à ces jeux idiots !
Je préfère monter à cheval pour de vrai. Et ça tombe bien, j’ai un centre équestre tout près de chez moi.
Je n’ai pas besoin des écrans pour m’amuser !
J’ai un cerveau, moi ! »
Léa a entendu et elle vient à mon secours. Elle intervient :
- « Lâche-le un peu, il ne t’a rien fait !
Gabin grogne :
- Trop nul, on peut jamais s’amuser ici ! »
Puis, il s’en va avec ses amis et je reste avec Léa.
Je ne sais pas quoi dire.
Elle me montre sur son téléphone une chorégraphie de hip-hop.
Ça alors ! Elle veut être danseuse.
Je lui annonce que ma mère est prof de hip-hop et que j’en fais aussi.
J’adore ça !
Elle me dit :
« Oh, c’est génial, faut que tu me la présentes ! ».
On discute des figures que l’on connaît et notre conversation s’achève rapidement. C’est déjà l’heure de retourner en cours.
Il est 17 heures, enfin la journée se termine et j’ai hâte de rentrer chez moi.
Le lendemain et toute la semaine, Gabin me harcèle.
Je ne réagis pas. Je n’en ai rien à faire !
Il va se lasser, c’est ce que je me dis...
Mais il est pénible. C’est dur de le supporter constamment, même si je fais mine de m’en moquer.
Un matin, il m’arrache mes lunettes et les jette dans la poubelle !
Je n’y vois plus rien !
Alycia, une fille de la 6ème1, qui se mêle de tout, l’a vu faire.
Elle a remarqué que Gabin m’embête tout le temps et elle ne l’apprécie guère.
Elle n’a pas sa langue dans sa poche et elle lui dit, en se moquant :
- « T’es bête ou quoi, c’est tes parents qui vont payer la note ! »
Léa s’en mêle :
- « Elle a raison Gabin, tu vas trop loin !
Rends ses lunettes à Thomas ! Et si je te revois l’embêter, je le dirai à la CPE ! »
Paul, qui est pourtant un copain de Gabin, l’approuve et lui dit :
- « Arrête tes bêtises Gabin. Nous, on ne veut pas être mêlés à tes histoires. Rends-lui ses lunettes ! ».
Gabin ne s’attendait pas à ces réactions. Il se sent humilié. Il devient tout blanc.
Il se dirige vers la poubelle pour récupérer ma paire de lunettes en râlant :
« De toute façon, vous êtes tous des gros nuls ».
Mécontent, il me les ramène et s’éloigne aussitôt.
Je remets mes lunettes, elles ne sont pas abimées. Je suis soulagé…
Et maintenant que je suis débarrassé de Gabin, je retourne vers Léa et Alycia.
« Merci de votre aide les filles ».
J’apprends qu’Alycia est la grande copine de Léa et qu’elle aussi est fan de hip-hop. Je leur demande :
« Ça vous tenterait de venir chez moi pendant les vacances de Toussaint ? On pourrait faire des battles de hip-hop et ma mère connaît plein de figures…
- Oh, ce serait cool, me répond Léa.
- Trop contente ! » rajoute Alycia.
Je suis super heureux !
On devient inséparables tous les trois.
Je vois bien que ça ne plaît pas à Gabin, mais maintenant, il me laisse tranquille.
Je vais enfin pouvoir apprécier mon nouveau collège et mes nouveaux amis !