Des nouvelles de Michèle Bayar, autrice jeunesse, humeur, ouvrages, articles, rencontres : en 2024 masterclass "Écrire à voix haute"
8 Février 2023
Une mini-série jeunesse … tout public !
Par Marie-Christine Hébert
Enseignante, maman, grand-mère
Les trois romans jeunesse de Michèle Bayar publiés par Oskar Éditeur dans sa collection « Droits de l’enfant New-York 1989 » sembleraient au premier abord des livres uniquement destinés aux enfants. Mais nous sommes avertis par la tranche d’âge : « de 8 à 108 ans » et une lecture plus approfondie montre que les problèmes évoqués par l’autrice s’adressent à nous tous qui, un jour ou l’autre, pouvons y être confrontés, et surtout en tant que parents et enseignants. Nous retrouvons dans chaque récit les mêmes problématiques, que je pourrai résumer ainsi : Le silence tue.
Le premier roman, Je ne te crains plus, Alycia ! aborde le thème du harcèlement. Jade qui a grandi part en colonie de vacances où malheureusement elle va retrouver celle qui toute l’année lui ‘’a pourri la vie’’. Jade est le souffre douleur d’une petite Alycia. Ses symptômes : vomissements, estomac bloqué, incapacité à parler. et surtout la honte. Alycia ira jusqu’à prendre une photo ridiculisant sa victime pour la mettre sur Facebook.
C’est ce que nous voyons tous les jours avec les réseaux sociaux : des photos qui, à la vitesse de l’éclair, se propagent des milliers de fois pour nuire, voire détruire. Jade est sous emprise. Elle a peur de parler. Heureusement les adultes de la colonie ainsi que ses amies vont l’aider à sortie de ce silence mortifère. Les adultes rappelleront que le harcèlement est un délit puni par la loi.
Le second roman, Finies les chatouilles ! aborde les attouchements sexuels sur mineur par un membre de la famille à savoir le grand-père. Maélys, petite fille de 11 ans est au prise aux agissements manipulateurs de son grand-père, qui sous couvert d’un jeu, « les chatouilles », agresse sexuellement sa petite fille. Nous y retrouvons le secret (ne rien dire aux autres membres de la famille « C’est notre petit secret. Tu feras de la peine à ta grand-mère si tu lui racontes »), le chantage affectif et la culpabilisation.
À aucun moment, le grand-père ne se pose le problème des répercussions sur sa petite fille. Elle est paralysée, crispée, a « mal au ventre’ ». « Je suis détruite’ » dit Maélys qui éprouve à tort del a honte. Nous retrouvons dans ce texte les constantes du manipulateur sans aucune empathie .Heureusement le grand frère se doute que sa petite sœur est en souffrance et qu’elle n’ose pas en parler. Lui-même a été agressé, enfant, par le grand- père et on apprendra que le père de ces deux enfants a subi le même sort par son père… La seule solution c’est d’en parler !
Faire en sorte que la honte change de camp. Rappeler que l’inceste et l’abus sexuel sont des délits punis par la loi. Les journaux, la télévision presque tous les jours nous racontent ces cas d’abus sexuel, qui par un père, un oncle, un ami, bien souvent un membre très proche, et des jeunes gens porteront toute leur vie les souffrances si la justice ne répare pas. S’ils ne parlent pas.
Et enfin le troisième volet Je ne joue plus, Alexandre ! où nous retrouvons les mêmes personnages qui ont grandi et sont maintenant au collège. Un camarade de classe, Alexandre, croyant bien faire, manipulé par un garçon plus âgé, Cyprien, montrera une photo pornographique à sa meilleure copine, Alycia, pensant lui faire plaisir. C’est raté !Incompréhension du jeune garçon quand l’ adolescente se révolte et s’enferme dans les vestiaires du collège en lui criant son dégoût. Là encore, sur une histoire qui peut sembler banale à première vue, l’autrice nous rappelle avec une grande simplicité les dangers de l’accès libre aux écrans et surtout aux sites pornographiques rabaissant la femme, qui de sujet devient objet .Là encore, les adultes sauront faire face avec bienveillance mais rigueur et rappelleront que les enfants qui surfent sur ces sites interdits aux moins de dix-huit ans encourent des sanctions, tout comme les hébergeurs qui tolèrent cette effraction.
L’intérêt de cette mini-série, très agréable à lire pour des enfants mais aussi pour nous adultes, est d’offrir quelques clefs nécessaires pour aborder et affronter d’éventuelles difficultés dans la vie. Michèle Bayar, avec finesse et intelligence, nous accompagne par ses livres sur le chemin difficile de l’écoute et de l’empathie.
Marie-Christine Hébert
Enseignante, maman et grand-mère
02/2023