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 L'AMOUR DES LIVRES

Michèle Bayar

Une longue nuit d'absence

CouvNuit250px_999d01f145355c5942152fc08494f10a.jpgAu premier tiers du roman, j’étais dans le plaisir très personnel de retrouver le style de Yahia Belaskri et, jaillissant ça et là, le verbe de Jean-François Bueno. Ce roman écrit comme un récit est une histoire d’amour. L’amour de Paco pour son pays, l’Espagne, pour sa ville natale, Nerja, et pour sa ville d’exil, Oran. J’ai rencontré et j’ai aimé ce républicain espagnol balloté par les événements qui ne perd jamais le cap qu’il s’est fixé. Un souffle épique m’a emportée avec lui de la guerre d’Espagne à celle d’Algérie. J’ai pleuré à la fin dans les faux barrages et les bains de sang inexplicables. Par la grâce du roman, ce furent des larmes douces. J’ai relu mon histoire dans celle de Paco et lavé mes souffrances dans la proximité de ces beaux personnages qui choisissent l’amour plutôt que la haine en ces moments de démence collective. Une image m’est revenue, d’ailleurs, de ces temps troublés. Le couloir de notre maison à Canastel. Repeint en vert d’eau par un ami de mon père peintre en bâtiment, avec le montant des portes en gris tourterelle, c’est ce qui se fait à l’époque. Et, sur le mur, près de la porte, un cadre de bois sur lequel sont gravés les mots suivants : « Visiteur, qui es-tu ? Si tu es un étranger, l’hospitalité t’attend. Si tu es un ami, sois le bienvenu. Si tu es un ennemi, la bonté te retiendra ». Comme un écho au désir de liberté et de justice de Paco, un désir « plus fort que le déracinement, plus fort que la peur, plus fort que les frontières ».

Une longue nuit d’absence, Yahia Belaskri, Éditions Vent d’ailleurs.

Je pourrais ajouter « Un roman écrit par un Oranais, sur un Oranais et en hommage aux Oranais » mais je ne suis pas chauvine et je ne me permets pas les privates jocks sur un blog public ! Bon été littéraire à tou(te)s.

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