10 Août 2012
Valencia, España. J’y suis. Ville mythique, souvenir de Laurence à Canastel, nostalgie, saveur du pain grillé à l’huile d’olive. Juste un pas à franchir, descendre du Talgo. Mon amie est là, qui m’attend. Je ne serai pas seule face à mes souvenirs. Nous quittons la gare aux façades décorées d’oranges en céramique.
Dès les premiers pas, le fleuve est présent, dans les commentaires sur le chemin d’Alboraya, puis au bout du doigt tendu par la vitre ouverte de la voiture. Je ne vois que des arbres. « Mañana, iremos al río ». Le fleuve. Je le chercherai en vain. Les ponts mènent à l’aquarium (le plus grand d’Europe), à la Cité des arts et des sciences, au Palais de la musique, à la Feria et aux jardins du Turia. Ils enjambent des constructions futuristes, des espaces verts, des stades, des terrains de foot, des jardins. Le fleuve a disparu. Qu’est-il devenu ? Détourné, le Turia ! Le gouvernement de Franco voulait en faire une autoroute, mais un mouvement civil a réclamé « un río verde ». Mon amie avait onze ans quand elle a quitté la ville, en 1957, peu après l’inondation. Coïncidence, aucun rapport. Elle y est revenue récemment, le cœur en deuil. Le fleuve a cédé son lit aux Valenciens qui en ont fait un enchantement. Nous marchons dans les jardins. Fraîcheur et calme au crépuscule, la vie coule ici au rythme de notre progression. Bonheur des sens, incursion chez les hédonistes.
Tu aimes ? Oui. J’aime. Je rentrerai riche d’un fleuve absent, devenu hommage au cours inéluctablement créatif de la vie. Résilience ?