14 Avril 2011
A l’origine, Antananarivo s’appelait Analamanga « La forêt bleue ». Aujourd’hui, Tana, la ville aux douze collines, est une île dans l’île qui se démultiplie d’îlots en îlots. Troublant. Un arbre pousse partout, dans les quartiers pauvres et derrière les murs de briques des maisons riches : l’arbre qui pleure, le jacaranda.
Il y a un magnifique jacaranda dans la cour de l’école EFP B d’Ampandrianomby. Il a pleuré le printemps dernier comme tous ses frères. Pourquoi les jacarandas pleurent-ils ?
Les CP ont enquêté. De leur côté, les CM2 ont joué avec la métaphore. Si la biodiversité était un arbre, que trouverait-on à sa racine ? La vie, la mort, l’amour… peut-être.
A suivre et à retrouver sur le site des « Danses océanes » fin mai.
Quelques portraits de rencontres, à l’ombre de l’arbre qui pleure :
Volona (prononcer Vouloun’). Quand elle était enfant, on lui disait que si elle parlait en mangeant, ses dents pousseraient jusqu’à son menton. Et aussi que si elle mettait les pieds sur le mur, elle contrarierait les ancêtres. A douze ans, elle a décidé que c’était des sornettes. Volona fait des massages, comme sa grand-mère. Pour elle, une part de don, une part d’études !
Fara, avant d'être cuisinière, était nounou. Elle est bachelière, elle aime lire, elle aime cuisiner, elle aime les enfants, elle aime la vie et surtout elle aime son indépendance. Elle est de ces femmes tout en rondeurs que les jalouses appellent « des poules qui chantent ». Normalement, ce sont les coqs qui chantent ici, autrement dit les hommes. Selon certains conservateurs, les femmes font mieux de rester au foyer. Elle rit : « Mais je me moque de ce que l’on dit, j’aime donner des conseils. »
Val, un chercheur. Ah ! Un homme, enfin. Ben non… C’est aussi une femme. Une taiseuse dont la générosité s’exprime en actes. Ce soir-là, j’avais le cœur lourd comme un jacaranda au printemps : on trouve ici, à côté des huiles essentielles d’Ylang-Ylang et d’Eucalyptus, une misère noire et des clichés nauséabonds. Val m’a prêté un bouquin sur la démocratie, la mondialisation et les droits de l’homme. Ardu mais salutaire.
Il y eut aussi un brainstorming joyeux et créatif autour d’un projet d’écriture bilingue avec des professeurs de français de la FIPF. D’anecdotes en boutades, le temps a filé trop vite. Rendez-vous est pris pour continuer par Internet. Je ne me lasse pas d'explorer les possibles de ces passages du virtuel au réel et du réel au virtuel. Nous sommes tou(te)s des enfants de la toile !