28 Février 2011
« Chaque matin, le jour revit. Si le monde n’est fait que de matins, si tout le bonheur du monde est dans les matinées, c’est qu’il y a dans le commencement une promesse d’on ne sait quoi et peut-être de presque tout. Si, en dépit de tant de larmes, le monde est une bénédiction, c’est qu’il commence à chaque instant »
(Jean d’Ormesson ; Presque rien sur presque tout).
J’ai lu cette phrase ce soir à la laverie, pendant que le tapis de mon salon tournait dans le sèche linge et que le soleil se couchait dans mon dos. Elle m’a ravie. J’ai eu envie de vous en faire profiter.
Vous allez me dire : Quoi ? Tu découvres seulement ce bouquin ? Mais il a au moins… Ne cherchez pas, mon édition poche date de 1996. Il y a belle lurette que je ne cours plus après la nouveauté.
Autre morceau qui décrit un commencement (un recommencement ?) autre style : « De la thèse, il tira un ouvrage moins clos. Il fut malicieux, caustique. Etait-ce un livre debout ? Ni debout ni couché. Il n’était point de ceux qui, sans pitié, vous expulsent de vos marges. (…) La fiction, enfin arrachée aux faux semblants d’un bal costumé dans le Florence de la Renaissance, lui avait permis de redevenir l’enfant qui regarde autrement le monde des adultes. » (Daniel Cohen, Eaux dérobéese, 2010 – 1500 pages !)
Je ne sais pas si Jean d’Ormesson et Daniel Cohen seraient heureux de voisiner sur cette page virtuelle.
A cette heure du soir où je me vautre dans le 4ème degré, cette idée m’amuse, tout comme celle de vous la faire partager.
Si je m’éveille en proie à l’insomnie à quatre heures du matin, il n’en sera pas de même. Je choisirai l’un ou l’autre de ces livres posés à côté de mon lit. L’un ou l’autre selon que mon dos m’inclinera à lire assise ou couchée, le trivial me rattrape toujours.
Puis je laisserai les phrases de l’un ou de l’autre m’emporter dans leur mystère jusqu’aux prochaines lueurs de l’aube.
(photo : dinosaure de pierre du Jardin des plantes au lever du jour, février 2011)