24 Février 2010
Faites simple, élémentaire, compréhensible, voire même banal. Usez de l’anaphore mais gare à l’anacoluthe. Evitez les aposiopèses, les asyndètes, les énallages – tout comme les hypallages d’ailleurs – les hypotyposes et les euphémismes. Préférez-leur litotes et métaphores.
N’abusez pas des accidents gores tels que genoux sanguinolents, ecchymoses verdâtres, sauf s’il y a des vampires dans le coin. Les vampires sont « tendance ». Oubliez les robes cerise (démodées) les raccrocs et les deus ex machina (peu dramaturgiques). Préférez le noir à l’anthracite, l’éloge au panégyrique, fuyez les discours dithyrambiques et les sujets délicats tels les motu proprio.
Les enfants aiment les animaux. Offrez-leur des mouffettes, les méphitidés sont en vogue. Mais attention, ne transformez pas les sconses en manteaux !
Souvenez-vous que les chats sont nyctalopes et que les petits apprennent les mots-valises ou logogreffes… Quel rapport, me direz-vous ? Peu importe.
N’en restez pas aux mammifères. Les batraciens présentent des caractéristiques attachantes. Comme le dit Buffon, « Lorsqu’on met les petits de la raine dans le lit de la litorne, celle-ci les adopte ». Il y a là un beau scénario.
Pour le ton du récit, surtout pas de morbidesse. Ne soyez pas émollients.
Quand, enfin, vous aurez achevé un récit tonique, vous serez rarement payés à raison de votre labeur. Les contrats sont drastiques. Vous vivrez la plupart du temps de rêves et d’eau fraîche à moins que vous n’écriviez un best-seller. Vous deviendrez alors une tête de gondole et les journalistes vous traiteront avec une gentillesse melliflue avant de vous jeter au fond d’une oubliette dont seul votre prochain succès vous sortira.
Mais au-delà des résultats obtenus, écrire est comme marcher. Au bout d’un moment, notre hypothalamus libère des endorphines très proches des opiacées. Oui, je l’avoue : comme bien d’autres, je me shoote à l’écriture jeunesse ! Il n’y a pas d’effet secondaire à ma connaissance, sinon celui d’éveiller l’enfant qui sommeille en nous.
J’ai écrit ce texte sur l’invitation des « Amis de Bernis » dans le but d’une dictée qui s’est avérée sainement polémique, conviviale et joyeuse. Je suis très fière d’avoir reçu ce témoignage de confiance et anxieuse d’avoir laissé traîner quelque(s) coquille(s). N’hésitez pas à m’envoyer vos commentaires !