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 L'AMOUR DES LIVRES

Michèle Bayar

Ecriture d'invention, invention de l'écriture

dijonruedesforges.jpgLe colloque s’est déroulé dans une salle prestigieuse de la Bibliothèque de Dijon. Parquet ciré, lambris vert d’eau, meubles anciens. L’invention, dans ce colloque, tenait de la composition originale des interventions, alternant des spécialistes de l’histoire de la littérature et d’autres de la didactique.

L’écriture s’est déployée dans la salle au travers de communications brillantes. J’ai vu Voltaire, accablé par les critiques, retravailler sans succès sa pièce Oreste ; j’ai quitté l’écriture classique des Lumières pour errer loin des parcours scolaires méthodiques dans la fin du XVIIIe siècle ; j’ai appris comment Zola travaillait et découvert les limites épistémologiques du transfert de l’écriture naturaliste dans le domaine didactique ; j’ai lu des histoires de grenouilles écrites par des élèves qui pensent, comme moi : « On écrit pour des gens, on ne sait même pas qui c’est ».

J’ai entendu parler de l’irrépressible besoin d’écrire chez l’écrivain et la question de l’improvisation a fait résonner la salle : « Et si ça dérape ? » ; j’ai retrouvé Désiré Nisard sur les bancs du collège, bien avant son assassinat littéraire par Eric Chevillard ; je suis remontée jusqu’à Catulle, poète imitateur et inventeur, 70 avant J.-C. ; j’ai découvert le roman familial d’Aragon ; j'ai suivi avec passion le compte rendu analytique d’un atelier mené en milieu carcéral dont le titre de l’intervention était :

« La plume est plus forte que l’épée ».

Lorsque mon tour est venu de m’exprimer, assise sur un fauteuil d’époque qui menaçait de s’écrouler, les fantômes de mon imaginaire se sont dressés devant moi et je me suis sentie comme un oriental plongé soudain dans une assemblée d’orientalistes : mon auditoire en savait bien plus que moi sur le fait d’écrire ! Cela m’a troublée.

J’ai cru voir mon verbe entrer dans les oreilles attentives de mes auditeurs par une grille d’analyse sans faille et en ressortir irrémédiablement classé (après, on me demande où je trouve mon inspiration...).

Je ne sais plus ce que j’ai raconté. Peu importe. Il paraît que mon intervention tranchait, quelqu’un l’a trouvée « vivante ». C’est une bonne chose. Je poursuivrai les tâtonnements et les partages de ma vie « d’oriental » et d’auteure jeunesse, avec le souvenir de ces moments d’échanges pour éclairer mon chemin. Merci à Martine Jacques et Caroline Raulet-Marcel d’avoir organisé cette journée qui fut un grand moment de vivre ensemble.

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Pour toute information concernant les actes du colloque et la prochaine session,

contacter : 

Martine JACQUES, Université de Bourgogne

 

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P
beaucoup d'imagination et narration acrochante
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M
<br /> <br /> merci de ce compliment :)<br /> <br /> <br /> <br />