28 Janvier 2008
J'ai vu à Argelès sur mer, en
avant-première et dans le cadre du festival Cinémaginaire "Maghreb si loin... si proche" le film "Paris de mes exils" de Rina Sherman. J'en suis sortie bouleversée et je n'étais pas la seule.
Emule de Jean Rouch, elle ouvre l'oeil de sa caméra sur le monde en se posant des questions du genre : "A partir de quel moment l'autre devient-il un soi possible ?" Vous imaginez
qu'elle ne construit pas son schéma narratif sur le modèle d'une série télévisée.
Son film conte - sans relater - la douleur de la perte, la solitude, la quête de vérité, l'enquête tenace sur la liberté d'expression, les lobbyings, la désinformation, l'amour que la
réalisatrice porte à ses disparus, l'immense intérêt qu'elle a pour ceux qu'elle filme, sa façon de les saisir dans leur essence sans les retenir prisonniers d'un regard, la
déambulation dans une ville exil, la buée des brumisateurs de Paris-plage, toutes choses sans liens ou si ténus, mouvements saisis au vol, corps évoquant l'ailleurs, personnages à
fleur de peau qui se délitent et se recomposent.
Portées par une voix off douce et intimiste, ces images m'ont fait vivre - et revivre - des émotions qui touchent à l'indicible. Aux sentiments forts suscités par le film, se sont superposés
ceux que j'ai éprouvés lors de mon arrivée à Paris, cette sensation d'être brassée et parfois d'être broyée qui m'a amenée à écrire. Vers la fin du film, Rina Sherman propose
une clef de cette alchimie :
"Paris, point de conversion de toutes les aventures..."
Parisiens, vous êtes chanceux :
«Paris de mes exils» sera présenté à la SCAM à Paris, le 21 mai à 19h30.
Pour plus d’informations, contactez : aca@neuf.fr
Filmographie complète de Rina Sherman :
http://www.ovahimba.info/files%20various/filmography.html
(pour ceux qui chercheraient à reconnaître Paris dans l'image associée à l'article, je précise qu'elle vient d'ailleurs, je l'ai prise à Montréal depuis mon téléphone portable et la
banderolle que l'on aperçoit présente un festival de cinéma d'auteur)