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 L'AMOUR DES LIVRES

Michèle Bayar

ROUGE ET BLEU OCEAN...

Cette année, le Festival Maghreb si loin, si proche, boulevard laïc des cultures de Cinémaginaire s'est déroulé à Banyuls sous le signe de la fusion. Quels étaient les points communs entre un jeune réalisateur, Farid Bentoumi, son film ROUGEun jeune invité, Bill François, et son livre ELOQUENCE DE LA SARDINE ?"

 

Ce sont deux enfants de la planète, fils de la même "mer", amoureux de la nature, humains lucides et humanistes ; deux optimistes qui vous font goûter à l'eau précieuse de la bouteille à moitié pleine et vous donnent envie de la remplir, quand d'autres pleurent sur le fait qu'elle est déjà à moitié vide et que nous allons tous mourir de soif.

Chacun à sa manière nous a proposé de partager leur réflexion et le moment qui a suivi la projection a été apprécié.

 

(Photos sous licences.)

Ci-dessous, un partage d'Anne-Marie Llambrich à propos du film.

Gardanne ! A lui seul ce mot chante déjà la Provence,  la côte d’Azur, les touristes et le farniente, un de ces villages au bord de la Méditerranée, immortalisé par  Paul Cézanne, mais qui supporte une ombre au tableau : le scandale écologique des boues rouges !

 

La création de ce site industriel a 40 ans ; Il a fait l’objet dans la presse de multiples articles qui dénonçaient le rejet des produits toxiques dans la Méditerranée ; sa fermeture définitive a eu lieu en Août 2021.

 

Dès 2020,  le film « Rouge » qui évoque cette pollution est accueilli avec succès par un large public dans l’hexagone.

 

A Banyuls, le Jeudi 24 janvier 2022,  dans le cadre du Festival Maghreb si loin si proche, j’assiste à sa projection. Je découvre la mise en scène de ce  thème récurrent avec ses enjeux socio-écologiques. Période de crise annoncée, source de conflits et de rapports de force, la résistance de l’ensemble des travailleurs va se heurter à l’inéluctable fermeture.

 

Farid Bentoumi, le metteur en scène, a choisi de nous relater cette histoire particulière par l’angle de la dimension affective.

Il  réussit sa touche de sublimation  en mettant en scène la relation filiale entre un père et sa fille.

 

Nour est embauchée comme infirmière dans l’usine par son père. Cette dernière découvre des irrégularités dans la gestion sanitaire du personnel qui n’a pas eu la visite de la médecine du travail depuis des années. En dénonçant les faits, elle découvre l’omerta organisée autour des dangers des rejets toxiques de la bauxite, tant en mer que sur terre.

Les gestionnaires de l’entreprise, le service médico-social, avec l’assentiment de l’ensemble des ouvriers opposant une ignorance des enjeux pour préserver, coûte que coûte, leur gagne-pain,  tous, sont farouchement soutenus par le père de Nour, dans son rôle prépondérant de délégué syndical.

C’est alors qu’éclatent  les disputes entre le père et la fille qui iront jusqu’à la rupture, s’accusant mutuellement de « Trahison »  et « mensonges ».

 

Déterminée, Nour poursuit son enquête avec l’aide d’une militante écologiste,  rencontrée à l’extérieur de l’usine. Sur ses conseils,  elle ira jusqu’à accepter  la démarche risquée de fournir les preuves nécessaires pour prouver la toxicité .

 

C’est dans ce passage à l’acte à l’intérieur d’un endroit tenu secret dans l’usine,  que l’esprit de résistance de cette Antigone des temps modernes va trouver ses limites dans son ignorance technique des lieux. Le drame aura lieu ; elle est brûlée au visage et sauvée in extremis par le gardien de nuit.

 

Informé, le père désespéré accourt vers sa fille ! Le spectateur assiste alors à des retrouvailles émouvantes. A l’évidence, plus rien ne viendra désormais entacher l’amour qui lie ces deux êtres.

 

  Voilà pour la part romancée, reste à ce jour,  la question écologique agite tous les candidats à présidentielle où l’évaluation de l’urgence diverge. Toutefois, semble révolu le discours de  tous ces ouvriers apeurés, tels qu’ils apparaissent dans la réalité de cette transition écologique obligatoire. Désormais, il y aura eu un avant et un après à Gardane !

C’est en pensant à eux, qu’à ce niveau de mon écrit, surgit inopinément à mon esprit, un slogan qui  a fait partie de ma panoplie des luttes de 68 :

Cours vite camarade, le vieux monde est derrière toi !

 

Merci au camarade Farid !

Annie Llambrich. Février 2022

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