27 Mars 2020
En ce printemps où il est bon d'éviter le corps à corps, les premiers bourgeons du coeur à coeur s'ouvrent timidement.
Chaque jour, je découvre quelque chose de moi et, lors de mes rares sorties, de ceux et celles que je croise.
Au supermarché ce matin, des visages s'éclairent pour échanger à distance quelques mots anodins et pourtant si précieux avant de poursuivre leur chemin en évitant les silhouettes qui hantent les étagères, le regard au loin, portées par la peur.
Isabelle - ma chef de choeur - s'arrête et m'interpelle. Je suis occupée à choisir mes fruits secs, je ne l'avais pas vue ! Elle se tient à un mètre cinquante. Je m'immobilise. Bref partage d'un désarroi.
"T'arrives à te poser, toi ?
- Joker."
Et soudain ce sourire contagieux qui part des yeux et déclenche à l'intérieur de moi un fou rire que je retiens. Instant fugitif. Il faut continuer nos courses, ne pas traîner dans le magasin, se dire un au revoir bref qui, mystérieusement, nous rapproche plus qu'il ne nous éloigne.
Qu'est-ce que la proximité ?...
Cette question en suspens, je regagne ma solitude, munie de levure boulangère entre autres choses et, pour la première fois de ma vie, je prends le temps de faire mon pain moi-même... avec une recette de ma fille, à la fois si lointaine et si proche :)
Bon confinement à tou.te.s, lisez, écrivez, cuisinez, jouez, riez, communiquez, prenez soin de vous.
La rubrique commentaire vous est ouverte : vous avez, vous aussi, expérimenté le bourgeonnement des coeurs humains : de nos peurs enfouies qui soudain nous étreignent à l'éclair de conscience qui nous traverse et illumine le présent, chacun de vous a sa manière de vivre le confinement, son propre regard sur ce qui l'anime et le réchauffe... Vous partagez ?
Photo : la Salette entre beau temps et nuages